Archéologie de la vallée de la Seiche.

Description

L’archéologie de la vallée de la Seiche.
Contexte archéologique du bassin de la Seiche.
Le bassin de la Seiche garde de nombreux indices archéologiques, témoins d’une occupation continue de la Préhistoire jusqu’au Moyen Âge. 1
Le Néolithique (5 000-2 500 ans avant notre ère) 2
La période, qualifiée de « révolution néolithique », a vu naître le début de l’agriculture et de l’élevage associée à une sédentarisation des populations. L’occupation du bassin est attestée par la présence de nombreuses haches polies découvertes dans les labours (Amanlis, Janzé, Marcillé-Robert…), en majorité confectionnées dans cette roche dure qu’est la dolérite. Les fouilles n’ont détecté que peu de traces d’habitat comme des trous de poteaux, foyers, silex, tessons de poteries caractéristiques (Janzé, Piré-sur-Seiche, Domloup, La Guerche…).
C’est l’époque des mégalithes qui sont présents dans la partie sud du bassin de la Seiche mais absents ailleurs du fait d’un sous-sol pauvre en roches exploitables. Sur la commune d’Essé, la Roche-aux-Fées, est le monument funéraire collectif le plus imposant de Bretagne. Il s’agit d’un dolmen de type angevin de 20 mètres de longueur sur 5,50 m de largeur, composé de 41 blocs de schiste pourpre extraits à une distance de 5 km environ. Classé monument historique en 1840, il est caractérisé par un portique trilithe remarquable, une antichambre surbaissée et une importante chambre compartimentée.
Une ligne de mégalithes suit le chemin des Sauniers. La pierre de Richebourg au sud-est de Retiers, la pierre de Rumfort dans la forêt du Theil, la Pierre des Fées au sud de Janzé sont les menhirs les plus importants. Trois ensembles de blocs alignés ont été découverts récemment dans la forêt du Theil tandis que d’autres ont été déplacés ou bouleversés comme l’ensemble de Rimbergères au sud de Janzé.
L’Âge des métaux (2500-52 avant notre ère) 3
Après le travail de l’or et du cuivre, l’évolution majeure de la « Protohistoire » est le développement de la métallurgie associée à d’importantes avancées sociales. L’âge du Bronze, alliage de cuivre et d’étain, est marqué par l’enfouissement d’objets métalliques comme des haches, bracelets, pointes de lance. Considérées souvent comme dépôts rituels, des découvertes ont été relatées à Availles-sur-Seiche, Châteaugiron, Châtillon-sur-Seiche, Domalain, Domloup, La Guerche-de-Bretagne, Janzé, Le Theil-de-Bretagne. Les structures funéraires évoluent vers des sépultures individuelles sous d’importants tumulus implantés principalement en Bretagne occidentale. A Visseiche, la fouille de Jean-Claude Meuret a mis au jour une structure funéraire circulaire plus modeste composée de trois fosses, le tout attribuable à la fin de l’âge du Bronze.
1 Banéat Paul, Le département d’Ille-et-Vilaine, Histoire, archéologie, monuments, 3e édition Rennes, J. Larcher, 1927, 4 volumes. ; Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne (des origines au Moyen Âge), Société d’Archéologie et d’Histoire de la Mayenne, 1993. ; Gautier Maurice, Leroux Gilles, Guigon Philippe, Les moissons du ciel 30 ans d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019.
2 Kerdivel Gwenolé, La vallée de la Seiche et la Haute vallée de la Vilaine du début du Néolithique au Chalcolithique, Revue archéologique de l’Ouest 37, 2021. ; Briard Jacques, Langouët Loïc, Onnée Yvan, Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, Institut Culturel de Bretagne, Centre régional d’archéologie d’Alet, 2004.
3 Nordez Marilou, La parure en métal de l’âge du Bronze moyen atlantique, Mémoires de la société préhistorique française 65, 2019. ; Leroux Gilles, Gautier Maurice, Meuret Jean-Claude et Naas Patrick, Enclos gaulois et gallo-romains en Armorique, Documents archéologiques de l’Ouest, 1999.
A partir de 800 avant notre ère, les techniques évoluent : cette période de l’âge du Fer ou période gauloise est caractérisée, surtout entre 300 et 100 avant notre ère du fait d’un réchauffement climatique, par une explosion des exploitations agricoles, en particulier avec le sous-sol fertile du bassin de la Seiche. De forme plutôt quadrangulaire, ces fermes, construites en matériaux périssables, et leurs parcellaires attenants parfois curvilignes, ont laissé des traces de fossés particulièrement visibles en prospection aérienne mais aussi dans les massifs forestiers avec le système talus-fossés encore en élévation. De nombreuses communes en sont pourvues comme Amanlis, Availles-sur-Seiche, Bais, Brie, Chanteloup, Corps-Nuds, Essé, Gennes-sur-Seiche, Janzé, Marcillé-Robert, Moulins, Piré-sur-Seiche, Retiers, le Theil-de-Bretagne, Visseiche, et bien d’autres encore. Certains d’entre eux ont ensuite été fouillés en préalable aux travaux d’aménagement du territoire. On peut citer les Jeusseries en Retiers, les Brégeons au Theil-de-Bretagne, la ZAC nord de Bourgbarré, Beausoleil en Gennes-sur-Seiche, la Montagne en Visseiche... Des enclos plus réduits, de forme quadrangulaire sont les vestiges de petits sites funéraires comme à l’Onglée en Retiers ou la Rue Haute en Bais...
L’Antiquité (52 avant 500 après notre ère) 4
La conquête romaine de la Gaule, sous l’impulsion de Jules César, va déboucher sur d’importants aménagements routiers, le développement des cités et une valorisation des terroirs.
Trois voies antiques reliant les capitales de cités, traversent le bassin de la Seiche : Rennes-Angers, Rennes-Le Mans et Rennes Nantes. Réutilisant parfois des itinéraires plus anciens, elles ont nécessité de grosses infrastructures, avec des fondations robustes en pierre afin de supporter de lourdes charges. Elles ont été le plus souvent repérées lors des survols par les archéologues aériens. La prospection terrestre en milieu forestier a révélé des bombés linéaires caractéristiques, conservés du fait de la lente régénération des arbres. C’est le cas dans la forêt du Pertre, pour la voie Rennes-Le Mans, ou dans la forêt de la Guerche pour l’itinéraire Rennes Angers. Pour franchir la Seiche à Visseiche, une fouille, dirigée par Gilles Leroux, a montré que les bâtisseurs ont utilisé une véritable charpente composée de poutres transversales et longitudinales.
Sur la table ancienne de Peutinger qui est une copie d’une ancienne carte routière de l’empire romain, figure la voie Rennes-Angers avec une station du nom de Sipia qui correspond, d’après les découvertes des archéologues, au vicus, ou agglomération secondaire, de Visseiche. Le bassin de la Seiche présente des traces nombreuses d’occupation gallo-romaines repérées grâce à la présence de tegulae (ou tuiles) et de céramiques dans l’environnement des communes de Bais, Essé, Marcillé-Robert…
Cette période est marquée par la création de villae, habitats de riches propriétaires exploitant de grandes surfaces agricoles. On peut citer la Ville-Neuve en Nouvoitou, la Guyomerais en Noyal-Châtillon-sur-Seiche, le Bourg-Saint-Père à Bais. Ces établissements d’un grand confort possédaient d’importantes pièces de réception, des pièces de service mais aussi des thermes privés et parfois des sanctuaires associés comme à Bais.
Le Moyen Âge (500 à 1500 ans après notre ère) 5
Deux importantes nécropoles de l’époque mérovingienne ont été mises au jour à la chapelle Saint-Pierre à Bais et au terrain de sport à Visseiche. Les sarcophages retrouvés étaient en calcaire coquiller et en schiste ardoisier avec parfois des inscriptions considérées comme épitaphes. Toujours à Bais, un
4 Leroux Gilles, Provost Alain, Carte archéologique de la Gaule - l’Ille-et-Vilaine, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1990.
5 Guigon Philippe, Les sépultures du haut Moyen Âge en Bretagne, Institut Culturel de Bretagne, Centre régional d’archéologie d’Alet, 1994. ; Brand’Honneur Michel, Les mottes médiévales d’Ille-et-Vilaine, Institut Culturel de Bretagne, Centre régional d’archéologie d’Alet, 1990. ; Guigon Philippe, L’architecture pré-romane en Bretagne, Institut Culturel de Bretagne, 1993.
trésor monétaire de plus de 400 monnaies d’argent, de la fin de la période mérovingienne, a été mis au jour en 1904.
A partir de l’an mil, c‘est la multiplication des mottes propriétés de chevaliers ou de petits seigneurs : ces buttes de terre surmontées de tours, en bois puis parfois en pierre, et entourées d’une basse-cour sont des lieux symboliques de pouvoir. Plusieurs mottes sont citées dans le bassin de la Seiche, certaines ont disparu comme à Amanlis, Availles-sur-Seiche, Bais, Chanteloup, Noyal-Châtillon-sur-Seiche, Domloup, Janzé, Retiers, Visseiche et d’autres sont encore visibles dans le paysage comme à Bourgbarré, Brie, Gennes-sur-Seiche, le Petit-Fougeray, Piré-sur-Seiche, le Theil-de-Bretagne.
A partir du XIIIe siècle, d’importants châteaux en pierre de seigneurs puissants assurent la défense des Marches de Bretagne, comme à Châteaugiron, la Guerche-de-Bretagne ou Marcillé-Robert où se dressent encore fièrement, malgré sa destruction, ses six tours caractéristiques du début du XIIIe siècle.
Les églises romanes ont peu survécu aux reconstructions massives de la fin du XIXe siècle. Quelques vestiges de cette période sont toutefois visibles dans les maçonneries à Brie, Noyal-Châtillon-sur-Seiche, Visseiche et aussi au village de Fontenay en Chartres-de-Bretagne. C’est à proximité de ce dernier que les archéologues ont mis à jour un important site de potiers qui a alimenté en céramique de table mais aussi en terres cuites architecturales un large secteur du département d’Ille-et-Vilaine dès le XIe siècle jusqu’à la fin du Moyen-Âge voire au-delà.
Bien que le sous-sol de la vallée de la Seiche ne soit pas riche en minerai de fer, des vestiges du travail de la métallurgie, sous formes de scories et restes de bas-fourneaux, ont été détectés sur les communes d’Amanlis, Bais, Crevin, Essé, la Guerche-de-Bretagne, le Theil-de Bretagne... Leur datation reste indéterminée.

Détail
Thème
Civilisation
Conférencier
André CORRE
Prix
Gratuit pour les adhérents
Date
09/10/2023 14h00
Lieu
cinéma Paradisio chateaugiron
Durée
02h00
Nombre de place
180